La faillite de la retraite par capitalisation aux USA ? Il manque 560 milliards de dollars

En France, il est de bon ton de critiquer le régime de la retraite par répartition et de louer la retraite par capitalisation comme LE système vers lequel nous devons progressivement tendre.

La récente réforme des retraites et la mise en place du PER s’inscrit d’ailleurs dans cette dynamique d’une retraite minimum assurée par la collectivité, et une indispensable retraite par capitalisation qui permettrait de survivre décemment.

Il n’y a plus de mystère sur ce sujet maintenant : Malgré un régime de retraite par répartition qui n’est plus menacée grâce aux réformes passées (Nous sommes en quasi-équilibre budgétaire à long terme), le gouvernement semble vouloir s’acharner à réformer le régime actuel afin de prendre le contrôle sur une baisse future encore plus prononcée.

L’actuel régime des retraites est quasi à l’équilibre ! Il faut arrêter de croire que la présente réforme est obligatoire pour éviter la faillite ! C’est là une fakenews.

Demain, la retraite par point est un régime de retraite qui repose quasi-intégralement sur la valeur du point fixée, directement ou indirectement par le gouvernement. Ainsi, et contrairement à la situation actuelle, dans un système de retraite par point c’est le pouvoir politique qui décidera du niveau futur des retraites. L’exemple de la Suède ne doit pas nous rassurer !

Le rapport Delevoye sur la réforme des retraites confirme ce basculement majeur. Extrait : « Si la règle de revalorisation du point par défaut tiendra compte de l’évolution du revenu moyen par tête (RMPT), le Conseil d’administration aura la possibilité de proposer une autre règle de revalorisation, au regard d’une analyse pluriannuelle de la situation du système. »

Bref, nous avançons lentement mais surement vers une dégradation accélérée du montant de la retraite. Aujourd’hui, l’équilibre budgétaire est assuré par les partenaires sociaux ; Demain, le pouvoir politique pourra organiser la dégradation du régime de retraite (via une moindre revalorisation du point) afin d’imposer un régime de retraite par capitalisation complémentaire, mais indispensable.

Malheureusement, la retraite par capitalisation n’est pas le régime de retraite le plus performant du monde.

Aux USA, Selon Bloomberg, alors même que les marchés financiers sont au plus haut historique, c’est à dire que les valorisations des comptes de retraite par capitalisation doivent être au plus haut, à la fin 2018, il y a 560 milliards de dollars d’engagements de retraite sous-financés :

  • 22,4 milliards de dollars de GE représentent le déficit le plus important.General Electric va même suspendre la retraite par capitalisation de 20 000 de ses salariés ;
  • Boeing 2e déficit de retraite de 15,3 milliards de dollars ; 
  • Exxon 3e de 12,9 milliards de dollars ; 
  • Lockheed 4e de 12,5 milliards de dollars ;
  • GM 5ème de 11,5 milliards de dollars ;

En Allemagne, ce sont 120 milliards de sous-engagement qui sont à déplorer :

  • VolksWagen € 33 milliards représentent le déficit le plus important.
  • 2e Siemens avec € 8,9 milliards de déficit de retraite,
  • Allianz avec € 8,9 milliards,
  • Bayer avec € 8,4 milliards,
  • BASF € 7,4 milliards

La question est alors de s’inquiéter sur le sort de la retraite par capitalisation, demain, lorsque les marchés financiers ne seront plus à leur plus haut historique. 

Dans un monde ou le rendement n’existe plus, dominé par les taux d’intérêt négatifs comment peut ont encore croire que la capitalisation est un régime de retraite viable ! La retraite par répartition est au contraire un régime parfaitement adapté. (cf »L’avenir de la retraite n’est pas la capitalisation. Il faut sauver la retraite par répartition« ).

L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs… Je me demande encore comment nous pouvons considérer ce pays comme un modèle tant les dérives sont inquiétantes. Par exemple, un taux de chômage apparent à 3.50% aux USA, mais une réalité nettement moins favorable comme nous vous l’expliquions dans cet article « Le « vrai » taux de chômage est il plus faible en France qu’aux États-Unis ? Serions-nous en plein-emploi ?